Réalités risquées: reconnaître les méfaits de l’expansion mondiale du GNL

Le gaz naturel liquéfié devrait être abandonné progressivement, à l’instar d’autres combustibles fossiles, ouvrant ainsi la voie aux énergies renouvelables pour atteindre les objectifs internationaux en matière de climat et de développement durable.

An aerial view of a liquefied natural gas tanker ship anchored at a terminal in Thailand

Un méthaniser GNL ancré dans un terminal en Thaïlande

Credit:

Suphanat Khumsap/Getty Images

Le gaz naturel liquéfié (GNL), dérivé du refroidissement du gaz fossile pour le stockage et le transport sur de longues distances, fait partie des combustibles fossiles qui compromettent l’atteinte des objectifs climatiques. Son expansion entrave les efforts visant à maintenir le réchauffement climatique en dessous du seuil de 1,5° C. L’industrie l’appelle énergie de « transition », mais le soutenir de cette manière est préjudiciable, surtout que le GNL n’est ni propre ni à faibles émissions de gaz à effet de serre (GES). Les populations et notre planète ne devraient pas avoir à subir les dommages socio-économiques, humains et environnementaux résultant de l’expansion du commerce mondial de GNL.

Insécurité énergétique causée par le GNL fossile

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a contribué de manière significative à la résurgence de la croissance de l’industrie mondiale du GNL et à son acceptabilité sociale. Sous couvert de « sécurité énergétique », les États-Unis ont travaillé en étroite collaboration avec des alliés européens pour fournir du GNL dans le cadre des sanctions contre le gaz russe. Pourtant, la dépendance continue aux combustibles fossiles nous met en insécurité énergétique, surtout que l’explosion des prix du gaz fossile est répercutée sur les ménages. 

Alors que des millions d’Européens peinent à payer leurs factures d’énergie, les militants anti-gaz mettent en lumière la responsabilité de l’industrie du gaz fossile dans la crise du coût de la vie en Europe. Pour les dirigeants européens, c’est le moment décisif pour atteindre une véritable sécurité énergétique en se concentrant sur l’intensification du déploiement des énergies renouvelables et les gains de rendement énergétique. Le découplage du gaz russe devrait finalement marquer la fin des industries d’extraction du gaz fossile en Europe. 

Problèmes d’accès à l’énergie dans les pays en développement

Lorsque les prix du GNL augmentent, l’accès à l’énergie dans de nombreux pays en développement est compromis. L’année dernière, la rupture de l’approvisionnement à long terme en GNL d’Eni a forcé le Pakistan à acheter du GNL à des prix de marché au comptant élevés, mettant en péril son économie. De même, le Bangladesh a dû suspendre les achats de GNL, ce qui a entraîné de fréquentes coupures de courant et une baisse de la production industrielle nationale. Dans des conditions de marché aussi volatiles, le GNL est une source d’énergie ni sûre ni fiable, en particulier pour les pays moins riches. 

L’extraction continue de gaz fossile perpétue l’inégalité énergétique pour de grands groupes de population, en particulier pour les millions de personnes sans accès fiable à l’énergie. En Afrique, l’extraction de GNL et de gaz fossiles est considérée comme la panacée pour lutter contre la pauvreté énergétique et favoriser le développement dans la région. Mais 92 % des 103 milliards de dollars qui affluent vers les principaux pays producteurs de gaz, tels que le Mozambique, le Nigeria et la Tanzanie, sont destinés aux terminaux d’exportation de GNL. Le gaz extrait du continent africain profite à la ruée temporaire sur le gaz en Europe, et non aux 600 millions d’habitants d’Afrique subsaharienne qui vivent sans accès à l’électricité. 

Comme l’a déclaré Vanessa Nakate, jeune militante pour le climat, les pays africains persuadés de mener des projets de gaz fossile pourraient être confrontés à une instabilité économique lorsque la demande de gaz baissera. Le message du mouvement Don’t Gas Africa est clair : L’inversion des inégalités énergétiques systémiques auxquelles sont confrontées les communautés pauvres et rurales d’Afrique doit passer par l’expansion durable des énergies renouvelables, et non par les gains mal acquis du GNL. 

L’expansion du GNL fossile viole les droits de l’homme

La violence affecte la chaîne de valeur mondiale de l’extraction, du transport, de la liquéfaction et de l’expédition de GNL. Les exportateurs nord-américains de GNL liquéfient le gaz de schiste abondant de la région, ce qui a des implications dévastatrices en termes de pollution de l’air et de contamination de l’eau. Le projet LNG Canada, premier terminal d’exportation du pays, a rencontré une résistance importante dans son développement. Les défenseurs des terres indigènes du territoire des Wet'suwet'en se sont opposés au projet Coastal GasLink de TC Energy, le pipeline destiné à approvisionner LNG Canada en gaz fossile. Les chefs héréditaires ont été la cible d’actions d’intimidation et militantes alors qu’ils cherchaient à protéger leurs terres indigènes non cédées contre les effets dévastateurs de l’expansion du gaz.

Détérioration de la santé des populations et dommages sociaux

Dans les pays importateurs et exportateurs de GNL, de nombreux problèmes compromettent la santé des populations marginalisées et défavorisées. Les terminaux de GNL libèrent des polluants atmosphériques nocifs, tels que des composés organiques volatils, des oxydes d’azote, du dioxyde de soufre, du monoxyde de carbone et des particules, qui peuvent contribuer à augmenter les incidences de maladies respiratoires, de maladies cardiaques et de cancer.

A man fishing from a pier near a liquefied natural gas facility in Louisiana

Un homme qui pêche à proximité d’une installation de GNL à Sabine Pass, en Louisiane

Credit:

Julie Dermansky for NRDC

Le long de la côte du Golfe des États-Unis, de nombreuses communautés vivent à l’épicentre du développement des infrastructures d’exportation de GNL aux États-Unis. Roishetta Ozane, une militante écologique, a appelé à la fin de l’expansion, en Louisiane, du GNL qui compromet gravement la santé et les moyens de subsistance des communautés de couleur. Pendant ce temps, au Mexique, des promoteurs prévoient de réexporter le gaz naturel du bassin permien qui est importé dans le pays par pipeline. Plus de 6 milliards de pieds cubes par jour (bcf/j) de projets de GNL en cours de développement au Mexique permettraient au gaz permien américain d’atteindre plus rapidement les utilisateurs finaux en Asie en contournant le canal de Panama. Cette expansion pourrait engendrer des risques sociaux et communautaires similaires au Mexique. En outre, trois des projets envisagés, Saguaro Energía, AMIGO (American Mexican Integrated Gas Operations) et Vista Pacifico, auraient un impact sur la riche biodiversité marine du golfe de Californie, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Compromettre le climat et la biodiversité pour le GNL fossile

Outre les impacts humains, nous ne pouvons pas oublier les graves menaces que fait peser l’expansion du GNL sur le climat et la biodiversité. Les fuites et les rejets intentionnels de méthane, l’ingrédient principal du GNL et un gaz à effet de serre extrêmement puissant, pendant l’extraction et l’exportation du GNL peuvent éliminer tous les avantages climatiques, même si le GNL est utilisé pour remplacer le charbon dans la production d’électricité. Les expansions massives des capacités GNL compromettront sérieusement la réalisation des objectifs de limitation du réchauffement climatique à 1,5° C de l’Accord de Paris.

Les terminaux de GNL sont situés autour de nombreuses zones de biodiversité et le trafic continu de cargaisons de GNL perturbe grandement la vie marine. À Batangas, aux Philippines, le passage de l’île de Verde est communément appelé « Amazone des océans » parce que ses eaux ont la plus forte concentration connue de vie marine sur terre. Huit des 12 terminaux de GNL envisagés aux Philippines se trouvent à Batangas. Dans la construction de deux projets gaziers, la qualité de l’eau s’est dégradée en raison de la présence de polluants clés et de métaux lourds. Simultanément, l’écologie marine dans les eaux adjacentes a accusé une réduction de la biodiversité et de l’abondance des poissons. 

Le développement du GNL coûte trop cher à différents égards. Le GNL devrait être abandonné progressivement, à l’instar d’autres combustibles fossiles, ouvrant ainsi la voie aux énergies renouvelables pour atteindre les objectifs internationaux en matière de climat et de développement durable. Rejoignez NRDC pour montrer votre solidarité avec ses partenaires mondiaux qui luttent contre l’expansion du GNL.

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